Anne Hidalgo, la maire de Paris, a inauguré aujourd’hui le centre névralgique destiné à la vidéo-verbalisation. Les PV seront dressés par une trentaine d’agents, aidés par 900 caméras. L’objectif est limpide : sanctionner 400 conducteurs par jour minimum en un temps record ou quand la surveillance automatisée se met au service de la rentabilité.
C’est dans le 4ème arrondissement de la capitale, à la caserne Napoléon, que la salle de commandement de cette “machine infernale”, appelée vidéo-verbalisation, a été inaugurée par une maire de Paris sûrement très fière de son bébé. En effet, après l’accord du préfet de Police, il est désormais possible et même recommandé de verbaliser les automobilistes à distance. 900 caméras sont donc déployées dans Paris. Elles concernent aussi bien les motos que les autos.
Le fonctionnement du nouveau système de vidéo-verbalisation parisien est simple. Les agents réalisent une capture d’écran de chaque infraction, avant de l’envoyer à la préfecture de police. Cette dernière se charge de taper le portefeuille du “dangereux criminel”. L’automobiliste, ou le motard, concerné reçoit la contravention dans sa boîte aux lettres quelques jours plus tard.
Le dispositif n’est pas inédit. La préfecture de police dispose de sa propre machine de PV à distance depuis 2013. Elle est même très fière d’annoncer un bilan de 80 000 procès verbaux dressés en 2018. Des chiffres visiblement assez encourageants pour systématiser le procédé. Ce dispositif viendra évidemment en complément des 3 200 agents municipaux chargés d’alléger le portefeuille des usagers de la route présents dans la capitale. Pour Anne Hidalgo, c’est tout à fait justifié, comme elle le détaille dans un tweet : “Trop de conducteurs indélicats circulent ou stationnent n’importe où, sans se soucier des règles et des autres. Ces comportements qui gênent la circulation et mettent en danger les piétons et les cyclistes doivent cesser.”
Alors quelles infractions peuvent être ainsi sanctionnées à distance ? Elles sont nombreuses, à commencer par l’usage du téléphone. Franchir un carrefour non dégagé, s’arrêter sur un sas destiné aux vélos, ou circuler sur une voie de bus ou une piste cyclable, seront ainsi sanctionnés de façon systématique. Le refus de priorité aux piétons, qui depuis peu est passible d’un retrait de 6 points, est également concerné.
Plus vicieux encore, se garer en warning quelques secondes sur une voie de bus ou sur une piste cyclable vous vaudra certainement de recevoir une “demande de rançon” de 135 €. Evidemment, nos amis motards qui décident d’emprunter une voie de bus sur quelques mètres se verront également mis à l’amende.
Le jour de l’inauguration, la préfecture de Paris se réjouissait de l’efficacité du dispositif vidéo. Efficace par rapport à quoi ? Pas à la prévention visiblement qui une fois de plus est la grande absente de la politique de sécurité routière dans ce pays. Si mesurer l’efficacité d’une mesure se résume à comptabiliser les millions d’euros de PV dressés, et les milliers de permis supprimés, alors parions que cette mesure sera un vrai succès.
Texte : Niko Laperruque
Photos : images d’illustration