Ford Mustang EcoBoost Cabriolet : « cheval dressé », essai

Présenté en juillet 2017, le restylage de la 6ème génération de la Mustang promettait le meilleur. A l’occasion du Prologue FIA WEC, nous avons découvert le nouveau style de la célèbre pony car et ses optimisations technologiques. Voici l’essai de la Ford Mustang EcoBoost Cabriolet équipée de la nouvelle boîte de vitesses automatique à 10 rapports.

Le succès de la 6ème génération de la Mustang est total. La sportive la plus vendue à travers le monde en 2016 (selon IHS Markit) fait perdurer ce mythe automobile né en 1964. En Europe, les potentiels acheteurs de ce type de voiture étant de plus en plus exigeants, la Mustang se devait d’évoluer.

On ne change pas un style qui gagne. C’est donc en douceur que la Mustang fait sa mue. A l’avant, elle gagne néanmoins en agressivité : capot plus musclé qui accueille des ouïes, calandre redessinée tout comme le bouclier, sans oublier une signature visuelle affinée et incisive.

A l’arrière, les feux profitent d’un design creusé et les entourages des trois barres de LED sont translucides. Alors que la version GT passe de deux à quatre sorties d’échappement, notre modèle d’essai EcoBoost est plus discret avec une unique sortie. Précisons que la teinte Bleu Lighting est au programme des options à 700 € . Notre Mustang d’essai est aussi dotée du Pack Premium (jantes 10×2 branches de 19″, etc…).

Retirons la capote en toile pour découvrir l’intérieur de la Mustang. On remarque une montée en gamme intéressante en ce qui concerne le traitement des matériaux. Les constructeurs automobiles américains ne sont pas réputés pour la qualité de leurs habitacles mais saluons les efforts qu’ils font de modèle en modèle. Ford ne déroge pas à cette tendance. L’arrivée d’inserts en aluminium est de très bon goût et relève l’aspect authentique, brut que se doit de proposer une Mustang. Le cuir de la planche de bord est « signé » (à ne pas confondre avec le virage du Paul Ricard : Signes) par de jolies surpiqûres.

Ajoutez à cela des équipements de série devenus la norme en matière d’aides à la conduite tels que, par exemple, l’alerte pré-collision, la détection des lignes couplée au maintien dans la file et vous obtiendrez une Mustang résolument high-tech. Et oui, il faut savoir vivre et rouler avec son temps !

Une fois le contact mis, la surprise est de taille… de taille 12″ grâce à l’instrumentation digitale (de série) qui saute efficacement à nos yeux de conducteur avides de modernité. Mais ce qui nous intéresse au plus haut point, ce sont d’abord les palettes au volant qui accompagnent la boîte de vitesses automatique et les différents mode de conduite. En effet, ces derniers jouent sur la transmission et sur l’autre innovation de la Mustang, à savoir la suspension adaptative MagneRide. Pour couronner le tout ou presque, car une potentielle mauvaise nouvelle va suivre, deux modes de conduite inédits s’ajoutent aux “Normal”, “Sport” et “Sport+”. Il s’agit du “My Mode” qui comme son nom l’indique en anglais permet de personnaliser les réglages de la Mustang et, peut-être le plus fou, le “Drag Strip Mode” soit plus simplement un launch control ! Pas mal pour un 4-cylindres. Comme quoi le tempérament « Made in USA » du chaud et du show tient toujours à cœur des ingénieurs de chez Ford.

Quant à la mauvaise nouvelle, elle nous permet de faire la transition pour annoncer notre essai routier. Norme Euro 6.2 oblige, exit les 317 chevaux pour la Mustang du « vieux continent ». Le 2.3 l EcoBoost n’en affiche que 290 mais, et ce « mais » a son importance, ceci est largement compensé par…

Au volant de la Mustang EcoBoost Cabriolet, nous débutons notre essai « cheveux au vent » à très faible rythme : une allure très tranquille imposée par le boîte de vitesses enclenchée en “Drive” (automatique) et par le sélecteur de mode de conduite réglé sur “Normal”. De quoi cruiser le long des plages du sud de la France en économisant du carburant (et du pneu). Tout se fait alors sur le couple et c’est assez déroutant au début car on ressent comme une sensation de sous-régime. L’aiguille virtuelle du compte-tours et l’affichage du rapport ne trompent pas : à 1 500 tr/min environ en 10ème vitesse, le tout à 80 km/h à l’opposé total de la philosophie originelle de la Ford Mustang mais, sans vouloir nous répéter, il faut savoir vivre et rouler avec son temps (en Europe) ! Quoi qu’il en soit on se prend au jeu de la balade « Eco sans Boost » grâce à ce grand capot qui s’étire devant nous et au ciel bleu qui nous surplombe sans aucun obstacle. Les 440 Nm de couple (à 3 000 tr/min) suffisent donc à mouvoir les 1 728 kilos de la Mustang BVA10 « sans toit ». Celle « avec toit » BVA10 en affiche 1 673.

Finie la balade, on tire la commande de la boîte de vitesses vers soi (position S), on pose les mains sur les palettes, on pousse le bouton « Mode » jusqu’à ce que « Sport + » s’affiche et que l’instrumentation digitale se modifie. Enfin, on s’apprête à appuyer un peu plus fort sur les deux pédales de freins et d’accélérateur. C’est parti ! La direction devient alors plus directe, les suspensions plus dures, la réponse à l’accélérateur est plus rapide et, le bruit du 4-cylindres 2.3 l (sans comparaison possible avec celui du V8) se fait un peu plus entendre. Dès les premiers virages serrés, pour ne pas dire étroit et sinueux, du col de l’Espigoulier, la MagneRide fait des miracles ! La Mustang ne bouge pas qu’elle soit même en devers ou pas. Certes, on ressent quelque peu le poids de l’auto dans la direction mais on place largement suffisamment la Mustang où l’on veut. Permissive à souhait, elle génère alors une sportivité inattendue. Oui, vous avez bien lu « sportivité » ! A croire que le terme EcoBoost qui s’affiche sur les Ford LM GTE a été inspiré par la Mustang (non je plaisante, c’est juste du marketing). Bref, 1 000 fois par seconde l’intelligence de la suspension adaptative mesure la route qui défit le « cheval sauvage ». Le résultat est bluffant. Les novices pourront même se permettre des erreurs de conduite/pilotage aux commandes de la Mustang « Boost sans Eco ». Seul le freinage est anticipé. On ne freine pas près de 2 tonnes comme ça.

Quant au moteur, il offre une allonge impressionnante. Les 290 chevaux (à 5 400 tr/min) suffisent amplement car une fonction « overboost » intégrée au turbo pallie la baisse de puissance énoncée auparavant. Et la boîte de vitesses automatique dans tout çà ? Elle est sûrement le maillon le plus fort qui accompagne cette « chaîne mécanique et électronique » que compose aussi le 4-cylindres, la MagneRide. Que manque t-il donc à la Mustang EcoBoost ? Pour une sportive découvrable accessible à partir de 45 900 € (hors MagneRide – option : 2 000 €) pas grand chose. C’est la réponse de LesVoitures.com.

En termes de performances, celle qui ne fait pas partie de la gamme Ford Performance (les services marketing doivent bien justifier leur salaire), réalise le 0 à 100 km/h en 5,7 s pour une vitesse maximale de 233 km/h. Sur le plan des émissions de CO2 et des consommations, elles sont respectivement communiquées par Ford pour 211 g/km et 9,6 l/100 km. Mais quand on roule en Mustang, on est Américain ! Donc, à rythme élevé, il faut compter sur du 16 l/100 km.

Un moment privilégié avec Harry Tincknell (à droite en photo ci-dessus), pilote Ford engagé en FIA WEC, a confirmé notre ressenti. En effet, le fort sympathique Harry a insisté pour nous déposer à l’hôtel ! Qu’est-ce qui ne faut pas faire pour conduire une Mustang. Cette opération exceptionnelle de « chauffeur privé » organisée bien sûr par Ford restera pour longtemps dans notre esprit. Les premiers virages abordés par Harry à la sortie du Paul Ricard nous ont vite permis d’avoir son ressenti :

« Cette Mustang a énormément progressé. Ce n’est plus du tout la même voiture. Elle garde son ADN au niveau de son gabarit mais pour le reste, les technologies lui confèrent une nouvelle dimension. Son train avant, plus léger que la V8 GT, est précis. Ca tient vraiment bien mes trajectoires (rires) et la réactivité de la boîte est impressionnante. »

Pendant plus de 20 minutes, nous avons échangé sur des sujets très variés au-delà du Sport Auto avec le pilote britannique qui rêve de remporter les 24 Heures du Mans avec Ford. L’instant du départ du circuit a été sensationnel (à voir ci-dessous).

Le lendemain, le Prologue FIA WEC a repris ses droits, la Ford GT LM GTE étant toujours aussi monstrueuse…

Ainsi se termine cet essai. Pour conclure, la 6ème génération de la Mustang révélée en 2013 a marqué un virage esthétique moderne pour cette automobile de légende. Son restylage la plonge, aujourd’hui, dans sa configuration européenne, dans l’ère de l’efficience technologique et de la polyvalence. La Ford Mustang en EcoBoost perd un peu de son âme mais elle est diablement bien dressée. Elle est l’exemple même qu’il faut définitivement rouler avec son temps mais avec un cheval sur la calandre, c’est mieux !

Texte et essai : Frédéric Lagadec

Photos : LesVoitures.com et Ford