Le week-end dernier, sur le grand circuit des 24 Heures du Mans de 13,626 km, la fête a été totale lors de la 10ème édition du Le Mans Classic. Comme celles et ceux qui nous lisent régulièrement le savent déjà, L’Aventure Peugeot a engagé, dans la Sarthe, la CD Peugeot SP66, ceci en partenariat avec notre média LesVoitures.com et M6 Turbo. Revenons sur cette incroyable aventure humaine qui a permis de voir, en piste, celle développée par Charles Deutsch et l’ingénieur aérodynamicien Lucien Romani.
Du 30 juin au 2 juillet 2022, l’événement Le Mans Classic 2022 a offert un spectacle incroyable aux plus de 200 850 spectateurs présents aux abords du mythique tracé des 24 Heures du Mans. Au sein du plateau N°4, la CD Peugeot SP66 N°52 (N°44 en course) a fait plus que sensation en piste. Pilotée par Thomas de Chessé et Etienne Bruet, elle a relevé le défi de revenir au Mans, là où elle a écrit, à sa façon, une page du sport automobile lors de la célèbre édition des 24 Heures du Mans 1966.
D’un poids de quelques 600 kilos à vide, rappelons que la CD Peugeot SP66 est motorisée par un 4-cylindres 1 135 cm3 optimisé à environ 105 chevaux, sachant que ce bloc est issu de la Peugeot 204. Rappelons que ce bloc a été restauré par la société Le Moteur Moderne. On doit aussi le parfait état dans lequel s’est présentée l’auto aux experts de Classic and Racing.
Lors des qualifications du Le Mans Classic, le vendredi, Thomas de Chessé et Etienne Bruet, ont réalisé la chance et le plaisir qu’ils ont eu de faire rouler une telle automobile sur le circuit du Mans.
Sous un beau soleil, les dérives verticales arrière qui font, entre autres, de la CD Peugeot SP66 une fantastique voiture de course, ont fendu l’air dans la ligne droite des Hunaudières comme en 1966. Cette année-là, trois CD Peugeot SP66 ont participé à la plus grande course automobile au monde. Aujourd’hui, la N°53 est visible au musée des 24 Heures du Mans alors qu’il ne reste plus rien de la N°51. Ce n’est ainsi pas sans émotion que nous allons écrire les lignes qui suivent…
La nuit tombée, lors de la session d’essais nocturne, Thomas et Etienne ont relevé un véritable challenge, comme en 1966 à savoir, rouler aux côtés de Ford GT40 et autres bolides beaucoup plus puissants que la CD Peugeot SP66. La tension était alors palpable sur les visages des deux pilotes qui ont vécu un moment extraordinaire qu’ils ne sont pas près d’oublier. Thomas nous livre ses sentiments :
« Les qualifications se sont bien déroulées. A vrai dire, nous n’avons même pas regardé le résultat, c’était surtout de l’entraînement dans le but de comprendre la réaction du prototype sur le tracé des 24 Heures du Mans. Cela a été une sensation unique de faire corps avec la machine, de ressentir ses vibrations, ses odeurs et le grip des pneus Michelin. Le roulage de nuit a été totalement incroyable. Nous avons, Etienne et moi, ressenti cette impression d’être un pilote des 24 Heures du Mans 1966, en profitant des lumières du circuit, d’une ambiance sensationnelle. Les phares des voitures des concurrents nous ont aveuglés. L’impression de vitesse était alors décuplée et, surtout, cela a permis à la CD Peugeot SP66 de profiter d’un air plus frais, ce qui lui a offert un meilleur rendement pour son moteur. Il était important de préserver le moteur et de ne pas dépasser un régime de 6 000 tr/min. Il n’y a qu’un seul moteur sur Terre de ce type pour la CD. Malgré cela, nous avons réussi à atteindre les 210 km/h. Jean-Claude Ogier, en 1966, avait atteint, dans les Hunaudières, 260 km/h avec une boîte de vitesses qui a offert, à l’époque, davantage d’allonge à la CD. L’Aventure Peugeot, accompagnée de Classic and Racing et de Le Moteur Moderne, a fait un travail remarquable. Ils m’ont permis de réaliser un rêve et de le partager. »
En 1966 au Mans, le pilote Jean-Claude Ogier s’est littéralement envolé au volant de la CD Peugeot SP66 alors qu’il se faisait doubler par une Ford GT40, sur une bosse des Hunaudières. Il y a quelques jours, Jean-Claude Ogier nous a fait l’honneur de venir au Mans. Il a ainsi pu s’asseoir, de nouveau, dans la CD Peugeot SP66. L’image qui suit parle d’elle-même.
D’une émotion à une autre, le samedi, Thomas de Chessé a pris le départ de la course en courant vers la CD Peugeot SP66 comme à la grande époque des 24 Heures du Mans. L’image était alors parfaite comme un voyage dans le temps synonyme de passion automobile.
Thomas revient sur ce grand moment :
« Les pilotes concurrents venaient me voir en pré-grille pour admirer la CD Peugeot SP66 et me poser des questions sur son histoire. Souvent, les flashs des photographes se sont dirigés vers le prototype. Cette voiture a intrigué beaucoup de monde. J’ai hésité à imiter Jacky Ickx, en marchant ! Finalement, à la vue des concurrents qui prenaient le départ en courant, j’ai été pris au jeu et j’ai, moi-même, couru le plus vite possible pour me jeter dans la CD Peugeot SP66, la jambe la première puis, la seconde avant de m’installer à son volant et de démarrer le moteur. Je suis parti en trombe jusqu’au virage Dunlop où un embouteillage improbable de Ford GT40, Ferrari 250 LM et Shelby Cobra s’était produit à haute vitesse ! Un souvenir inoubliable avec un public venu en masse dans les tribunes, l’ambiance était incroyable. »
Thomas a ensuite laissé le volant à Etienne Bruet. Ne souhaitant pas vous spoiler avant son reportage qui sera diffusé, le 10 juillet, dans Turbo sur M6, nous laissons à Etienne le soin de vous raconter, dimanche, ce qu’il a vécu au volant de la CD Peugeot SP66.
L’objectif visé par L’Aventure Peugeot a donc été atteint. La CD Peugeot SP66 a roulé sur les traces de son passé. Après une alerte température survenue à la fin de la course, il a été décidé, pour préserver la rare CD Peugeot SP66, de la retirer de la compétition.
Xavier Crespin, Directeur de L’Aventure Peugeot Citroën DS dresse le bilan du retour de la CD Peugeot SP88 N°52 au Mans.
– Est-il courant pour l’association de L’Aventure Peugeot de participer à une telle manifestation ?
« Il est exceptionnel que nous sortions une auto des réserves ou du Musée de L’Aventure Peugeot pour la faire participer à un événement au nom de l’association. Il est plus courant de proposer à la location des autos pour des clients pour le Tour Auto ou pour des salons comme Rétromobile par exemple. A noter que la CD Peugeot SP66 avait déjà été inscrite en 2018 au Le Mans Classic mais, par un de nos fervents adhérents juste après sa restauration complète. Hélas, elle n’avait alors que très peu roulé. »
– Qu’est-ce qui vous a décidé à l’inscrire cette année ?
« Je dois dire que c’est la garantie d’une opération équilibrée économiquement pour l’association qui nous a décidé. La contribution des partenaires comme Delfingen et sa marque Protecable, Nexus avec Ebay et Bakelit, Peugeot, Michelin et La Maison Eugène et la communication apportée par LesVoitures.com et M6 Turbo ont été des éléments déterminants. Un grand merci. »
– Qu’est-ce que vous retiendrez de cette édition du Le Mans Classic 2022 ?
« Avant tout, une grande satisfaction et une grande fierté d’avoir vu rouler l’auto sur ce circuit mythique sans parler de la ferveur du public. Merci à Christian Guillaume et à ses équipes techniques de L’Aventure Peugeot d’avoir mené à bien cette mission. Même si nous avons dû écourter la course pour préserver l’auto, nous avons vécu une aventure humaine exceptionnelle. Et j’espère aussi avoir créé autour de l’association un groupe de partenaires enthousiastes et volontaires pour de futurs projets. Nous avons passé des moments fabuleux pendant trois jours sur le circuit. L’événement du Mans Classic est unique au monde. Je félicite et remercie son organisation par Peter Auto. Nous sommes très heureux d’y avoir participé et d’avoir ainsi mis en avant notre association. Toute la communication doit nous aider à mieux faire connaître les services que nous proposons aux passionnés de Peugeot. C’était aussi un objectif important. »
Enfin, comme évoqué précédemment, rendez-vous dimanche 10 juillet dans Turbo sur M6 pour revivre l’épopée de la CD Peugeot SP66 lors du Le Mans Classic 2022. Pour patienter, retrouvez, ci-dessous au terme de cet article, d’autres photos de cette automobile sur la piste du Mans.
Texte : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com