Honda NSX : trois lettres “au parfum d’Espelette”, essai

Un laboratoire roulant, une Supercar hybride ou un délire d’ingénieur ? NSX c’est un peu tout ça à la fois. Un concentré de technologie qui ne vous laisse pas indifférent, une sorte de prouesse japonaise qu’il est bien rare de croiser sur les routes françaises. Et pour cause, seulement 10 circulent, cachées pour la plupart sous les rochers de Monaco. Exceptionnellement, nous avons pu prendre le volant de la Honda NSX à travers les paysages du “piment d’Espelette”. Un road trip improvisé, comme une rencontre du troisième type suralimentée.

Pau comme point de départ. Le soleil tente de percer sous les nuages pyrénéens, température extérieur 4 degrés. J’ai froid. Pourtant ce qui me glace le sang est ailleurs, sur le parking de l’aéroport. Une robe rouge entre élégance et sportivité, une couleur, un style à rendre jaloux le Honda CRV d’assistance.

C’est comme un coup de foudre. NSX, au premier regard vous dévisage, vous rend fou, elle vous emmène ailleurs et je n’ai pas encore les clés. 2 mètres de large, on reconnaît à peine les bandes blanches qui délimitent l’emplacement. Cette soucoupe spatiale est un monstre subtile, une réussite esthétique, une séductrice dans l’âme ou plutôt une cantatrice qu’il me tarde d’écouter.

Je suis refroidi, encore une fois. Triste émotion cette fois-ci. Triste habitacle… Honda est un motoriste mais pas le roi de la finesse intérieur. Le CRV, toujours garé à coté de nous (je dis nous car NSX et moi, c’est déjà une histoire d’amour, et j’ai plein de projets vous verrez plus tard) n’est plus jaloux. NSX possède le même GPS que le SUV, les commandes au volant sont dignes d’une Civic de série, j’oublierai presque les pare-soleils : Une Fiat Panda fait mieux, dommage.

“Résiste, prouve que tu existes”. La tentation est trop forte, je démarre et à ce moment rien. Pas un bruit, me serais-je trompé d’essai ? La nouvelle Prius ? L’hybride tout simplement. Deux moteurs électriques placés à l’avant, un troisième à l’arrière, des sortes de pacemaker pour accompagner le V6 3.5 l de 507 ch. De quoi arracher le bitume du sinueux tracé que je déguste depuis 60 km déjà.

En mode “Quiet”, tout défile trop vite, NSX trop gentil pour gentleman peu pressés ? Peut être. Honda joue la polyvalence quitte à en perdre un peu l’âme sportive. Je change tout, j’arrive sur les hauteurs d’Espelette. Mode “Sport”. Enfin nous respirons, les passages se font plus rapides, NSX est monté sur des rails et rien ne bouge. 4 roues motrices assistées par une armée d’aide à la conduite. De quoi vous prendre rapidement pour Ayrton Senna (qui a d’ailleurs élaboré la première NSX en 1988). Ma douce, qui n’aime pas vraiment les dos d’ânes au passage, est encore bien trop sage. Emmène moi ailleurs.

Passons en mode “Track” ! Je suis le seul autorisé à piloter dans ces conditions : le circuit. Ma belle est la bête avec en toile de fond le tracé de Pau-Arnos. J’ai froid. Tu me fais peur. Ta sonorité si tranquille laisse place aux grognements du dragon. Tu respires, m’emmène dans les tours, le temps semble s’arrêter. 0 à 100 km/h en 3 secondes telle une bête si sage sur route qui dévore maintenant les chicanes à des vitesses folles. Je n’entends plus rien, seul ton V6 est là, une partition magique dictée par le sifflements de tes deux Turbos. Tu es tout de même un peu lourde à piloter (presque 1,8 tonne) et je ne passerai jamais la 9ème et dernière vitesse. Voilà 6 tours sans broncher. 6 tours sans fausse note. J’ai chaud.

Tu m’en a fait voir. Pourtant il est déjà temps de se quitter. Tu as du couple à revendre… 239 000 €, prix du fantasme proposée. Au revoir « Chère » NSX, je t’aimais bien.

Texte et essai : Florian Martin

Photos : Florian Martin et Bernard Asset